Organisation de Jacques Ninane
Les barrages de galets sur l’Ourthe : l’idée est-elle bonne ?
Les étés chauds et ensoleillés se succèdent. Quoi de plus agréable pour le grand public que de
faire trempette dans les rivières …
Toutefois, les niveaux des cours d’eau sont régulièrement très bas, les utilisateurs de la rivière
construisent alors des barrages de pierres et galets formant des plans d’eau de plus ou moins
grande importance, attirant même les kayaks et autres engins flottants pourtant interdits lors
des périodes d’étiages.
Les impacts sont dommageables pour la biodiversité, voir ci-dessous, ces barrages sont
d’ailleurs interdits légalement.
Lors de ce mois d’août 2020, un triste record de débit bas est atteint à Durbuy : 0,75
m3 par seconde de moyenne, pulvérisant l’ancien record de 2011. Le nombre de
barrages a lui aussi fortement augmenté, il est donc utile et urgent de les déconstruire.
Quelques citoyens de la commune de Durbuy, interpellés par les atteintes à la biodiversité ont
décidé de réagir par un appel aux bonnes volontés :
Opération « déconstruction » ces 23, 26 et 30 septembre,
dans la commune de Durbuy
Si vous avez quelques heures de temps, une bonne dose d’huile de bras et un bon équilibre,
parcourez librement les sentiers des bords de l’Ourthe dans la commune de Durbuy – des
Enneilles jusqu’à l’entrée de Logne- et repérez les barrages. Bonnes bottes hautes ou
cuissardes conseillées (ou simplement des chaussures « aquatiques » l’eau n’est pas vraiment
froide), il suffit … d’aller dans l’eau avec précautions et prudence -la profondeur est cependant
faible- et ouvrez des brèches avec délicatesse en déplaçant pierres et galets (sans les lancer!) à
1,5 mètre en amont et aval du barrage et le tour est joué. Deux personnes maximum par
barrage, enfants déconseillés. Ne pas utiliser de fourche, pelle, etc. ! Attention, il n’y a pas
d’assurance couvrant les bénévoles.
Une autorisation de déconstruction a été délivrée par les services officiels compétents (SPW
Voies Hydrauliques à Angleur et Département Nature et Forêts). Les éventuelles matières
telles que plastiques ou métaux sur ces barrages – elles sont rares – doivent être évacuées par
les déconstructeurs vers une déchetterie.
CONTACT : barragesourthe@gmail.com
Impacts des barrages :
– piétinement abondant sur toute la largeur du cours d’eau par les constructeurs, dispersion et
arasement de la couche sédimentaire abritant larves et insectes aquatiques, oeufs divers,
alevins et crustacés;
– déplacement d’une quantité parfois très abondante de pierres, néfastes pour la même faune
déjà stressée par le manque d’eau;
– ralentissement du flux, provoquant la hausse du niveau en amont, avec perte d’oxygénation
nécessaire à un grand nombre d’espèce, d’autant plus aggravante que l’étiage a atteint un
record au mois d’août;
– réchauffement de l’eau, nuisible au benthos;
– prolifération d’algues et potentiellement de bactéries toxiques ;
– obstacle pour les déplacements des poissons en recherche de nourriture ou d’abris;
perturbation des habitats;
– dénaturation de l’écosystème par la formation de plans d’eau rapprochés et artificiels,
modifiant les « zones » ichtyologiques (zones à truites, à barbeaux, à chevaine, etc.) ;
– certaines constructions sont faites de matériaux divers (blocs de béton, ferrailles), ainsi que
plus rarement d’objets plastiques ou pieux de bois; le plastique se dégrade très lentement et
forme une pollution de micros fragments absorbés par les poissons et crustacés, oiseaux et
insectes;
– les plans d’eau formés sont des zones d’appels pour les baigneurs, les campeurs, kayaks et
autres engins flottants avec une fréquentation parfois impressionnante sur des distances
importantes; les berges sont également très fréquentées et endommagées par le piétinement,
des déchets sont abandonnés régulièrement.