Il ne pleut toujours pas en Famenne.
Depuis le 1 janvier, il est tombé 307,5L/m2 au lieu de 639L/m2 en 2016 par exemple, moins de la moitié.
Le 13 août, l’Ourthe a atteint son débit minimum historique de 0.23 m3 par seconde à Durbuy. Jamais le débit n’avait été aussi bas.
Depuis, il a plu un peu en amont et Nisramont a ouvert de temps en temps les vannes, histoire de sauver les poissons qui restent.
Il a fait chaud, très chaud, pour atteindre 39.7° à ma station de Grandhan le 03 août et 41.2 le 19 juillet
Il a fait sec aussi, 16,7% d’humidité relative le 19 juillet, je n’ai pas encore le reste des données d’août.
16 %, c’est digne d’un désert.
Les nappes s’épuisent à Durbuy, malgré les travaux de la swde et le raccordement à un réseau plus important.
Même moins sollicitée, la nappe de Tohogne baisse inexorablement. Record historique, profondeur par rapport au sol, novembre 2017 avec 10.91 m
Aujourd’hui, nous sommes à 10.42 m en sachant que quoiqu’il arrive, même s’il pleut des hallebardes, la nappe va continuer de baisser durant au moins 10 semaines voir plus si la pluie tarde encore.
La nappe de Bomal est encore plus malade, le record est déjà quasi battu, il datait de novembre 2018 avec 76.82 m et nous sommes à 76.69 m, graphique en descente quasi verticale.
Que se passera-t-il dans 10 semaines ?
L’agriculture souffre et mange déjà ses réserves. Les rendements seront à la baisse. Même ceux du lait. Il n’y aura pas de récolte d’herbe en fin de saison. Le bétail crève de soif
La forêt va crouler sous les arbres morts, les haies meurent, les arbres le long des routes sont condamnés.
Entre taches de rousseur et branches mortes, ceux qui vont résister ne supporteront pas un autre été du même genre en 2023 ou 2024.
Or nous avons statistiquement, depuis 2016 (dernière année “normale”) des saisons de plus en plus chaudes et de plus en plus sèches sur des périodes de plus en plus longues.
Et des arbres de plus en plus malades.s
Je ne parle même pas de l’Ourthe. Catastrophe de biodiversité qui continue à être exploitée par les marchands de rêves et de natures dégradées.
Au milieu de tout cela, il y a nous, avec nos potagers en souffrance(s), la question lancinante de l’approvisionnement en eau, les modifications des pratiques culturales et des plantes à cultiver.
Demain, sera-t-il encore possible de se nourrir correctement ?
Si le mercure monte encore ne fusse que d’un degré, 42 ° ou 43° au nord, à l’ombre , nos arbres fruitiers, nos cultures, nos choux et nos haricotes vont-ils encore pousser ? Ou pas !
Pendant ce temps, les profiteurs qui nous dirigent ont des projets, à Rahet, installer un village de vacances pour 700 personnes au milieu des bois…comme ça nous aurons encore moins d’eau, il y aura encore plus de CO2 et de GES en général et l’énergie sera encore un peu plus rare pour les habitants et habitantes de la région. ll y en a d’autres à venir, à Bohon, à Grand-Bru, au golf, sur les crêtes de Durbuy et je ne connais pas tout.
C’était la chronique d’une catastrophe ordinaire à Durbuy.
Bernard Adam